Histoire(s) & patrimoine de Charleroi |
Dès la fondation de la forteresse de Charleroi en 1666, un magistrat administre la ville. Pendant un certain temps, Charleroi sera administrée par deux magistrats différents, l’un en charge de la Ville-Haute et du Faubourg, l’autre, étant chargé d’administrer la Ville-Basse.
Il faudra attendre longtemps afin que les membres du magistrat disposent d’un lieu fixe pour y exercer leurs pouvoirs. Après 1666, les magistrats siègent dans des lieux provisoires, notamment dans des locaux loués chez des privés ; au XVIIIième, ils occupent également à certains moments les dépendances d’une caserne de cavalerie, bâtie en bordure de l’actuelle rue Turenne. Les archives communales y sont déjà notamment entreposées.
Ancien Hôtel de Ville. Détail d'une carte postale ancienne, Edition du Grand Bazar Anspach |
La première vraie « Maison de Ville » peut s’installer en 1782, dans les installations de l’ancienne caserne de cavalerie, devenue propriété de la ville. Le bâtiment permet d’abriter les services administratifs de Charleroi, mais également une halle aux blés, une boucherie et une prison. Cette caserne, sans style particulier, remontait à la fondation de la forteresse et occupait l’emplacement sur lequel se dresse aujourd’hui l’Hôtel de Ville de Charleroi ; elle disposait d’une cour intérieure et d’une galerie permettant aux marchands de s’y établir durant les franches foires.
Accueillant un tribunal dès la fin du XVIIIe siècle, Napoléon confirme définitivement la présence d'un tribunal de première instance à Charleroi en 1800. La ville ne dispose cependant pas de locaux pour héberger l'instance judiciaire ; les autorités finissent par désigner l’ancienne caserne pour y installer le tribunal. L’administration communale carolorégienne bientôt délogée pour laisser la Justice s’installer dans ses locaux, il est décidé en 1803 de déménager la Maison de Ville au cœur de la Ville-Basse, dans les anciens bâtiments du Couvent des Capucins, vidé de ses religieux depuis la Révolution française. L’ancienne caserne de cavalerie est réaménagée par souscription publique afin d’y établir le tribunal.
L’ancien Couvent des Capucins n’était cependant pas le plus adapté pour y établir un Hôtel de Ville ; même réaménagé, l’ancien couvent restait austère et sa configuration ne se prêtait pas aux cérémonies et réceptions officielles. Bien que mal logée, l’administration devra pendant longtemps encore se contenter des murs du couvent pour l’héberger. Plusieurs projets de construction d'un nouvel Hôtel de Ville sont étudiés au XIXième siècle, notamment lors de l’élaboration des plans d'urbanisation de la ville tracés lors de la disparition des remparts, mais aucun de ces projets n'aboutira.
Ancien Hôtel de Ville. Détail d'une carte postale ancienne, Editeur inconnu |
Charleroi est alors une ville en pleine mutation ; la ville vient de perdre ses fortifications ; de nouveaux quartiers apparaissent afin d'unifier les Villes Basse et Haute et les faubourgs. En peu de temps, la ville va gagner plusieurs milliers d'habitants. Charleroi s’affirme à la fin du XIXième siècle comme le centre d'une région qui finit par porter son nom. Cette affirmation passe notamment par une grande urbanisation qui débute dès la disparition de la forteresse en 1871. Mais la tâche à réaliser est colossale, et donner les allures d'une grande ville à cette ancienne forteresse est un travail de longue haleine qui prendra plusieurs décennies, en plusieurs phases successives. Des nouvelles infrastructures socio-économiques, sanitaires, mais également culturelles et de divertissement vont être érigées aux quatre coins de la cité : des écoles, un hôpital, un parc, un abattoir, un Palais de Justice, de nouvelles casernes,…
En 1880 est inauguré un véritable Palais de Justice le long d'un boulevard de l’entre-deux ville nouvellement tracé (le boulevard Central, futur boulevard Audent). A l’annonce de la construction d’un véritable Palais de Justice à Charleroi, les autorités communales avaient décidé dès 1875 de regagner la Ville-Haute une fois la Justice déménagée ; il faudra cependant encore attendre dix ans après l’inauguration du nouveau Palais de Justice pour que l’Hôtel de Ville regagne effectivement la Ville-Haute, et retrouve ses anciens murs.
Construction du nouvel Hôtel de Ville, 1932 |
En 1928, le bourgmestre Joseph Tirou et les autorités communales décident la réalisation d’une nouvelle série de grands travaux et de nouvelles infrastructures à construire dans Charleroi, et ce, toujours afin d’affirmer le rôle central de la ville. Parmi les projets, il est notamment question de se doter d'un nouvel Hôtel de Ville, l'ancien devenant insalubre, vieillot, et ne répondant plus aux besoins en matière d'accueil et de service à la population. De plus, il était crevassé et présentait de graves signes de vétusté : à plusieurs reprises, des plafonds s’étaient effondrés…
Le 17 novembre 1928, le Conseil communal décide à l'unanimité d'offrir à Charleroi un Hôtel de Ville, digne de ce nom ; le but est également de rassembler divers services en un seul et même lieu. Le nouvel Hôtel de Ville se dressera place de la Ville-Haute, sur un terrain d’un périmètre de 240 mètres délimité par la place et les actuelles rues du Dauphin, Turenne, et du Beffroi, à l'emplacement de l'ancienne maison communale. Les autorités décident de lancer un concours public pour la sélection de l’architecte.
Le 27 octobre 1930, le projet de l'architecte carolorégien Jules Cézar est classé premier parmi un total de 69 projets rentrés. Des modifications aux plans originaux sont apportées, répondant aux demandes des élus communaux. Parmi celles-ci, la tour de l'Hôtel de Ville, située à l'angle des actuelles rues du Beffroi et du Dauphin, se voit transformée : il est demandé d'accroître sa hauteur et de la doter notamment d'un carillon. Le futur beffroi, situé au coeur de l'ancienne forteresse, sera, de par sa localisation Ville-Haute et sa hauteur, visible à plusieurs kilomètres à la ronde.
Hôtel de Ville de Charleroi, façade côté place Charles II |
Le 30 octobre 1930, Jules Cézar s'associe à Joseph André pour la construction de l'édifice ; le lendemain, le Conseil communal confie l'exécution des travaux aux deux architectes.
Les bâtiments de l’ancien Hôtel de Ville sont démolis en 1931. La maquette du nouvel Hôtel de Ville est exposée au premier étage de la salle de la Bourse (Journal de Charleroi, 26/07/1931). Ouvert en mars 1932, le café du Beffroi précède ce dernier de quelques années. Les transformations de cet immeuble sont également l'oeuvre de Joseph André (Journal de Charleroi, 27/03/1932).
La collaboration de Joseph André et de Jules Cézar se termine le 10 août 1933, Jules Cézar décidant de se retirer du projet. A partir du 28 novembre, Joseph André poursuit seul le chantier. Le gros œuvre du bâtiment est inauguré le 26 mai 1934.
En 1935, le Conseil communal décide la création d'une Commission des Beaux-Arts afin de désigner les artistes chargés de la décoration de l’intérieur et de l’extérieur du bâtiment ; il est fait appel à de grands noms, comme Georges Westerlain, Alphonse Darville, Marcel Rau, ou encore Oscar De Clerck. La moitié du budget de construction (20 millions de francs, au total) est réservé aux détails et à la décoration de l’édifice ; un peu plus d’un million fut consacré au seul marbre.
Intérieur de l'Hôtel de Ville |
Après plusieurs années de travaux, le nouvel Hôtel de Ville, mélangeant Classicisme et Art Déco, est inauguré en grandes pompes le 18 octobre 1936 ; une semaine de festivités somptueuses vient célébrer le nouvel Hôtel de Ville. Il comprend un rez-de-chaussée et deux étages. La toiture, en ardoises, est couronnée d’un campanile en bronze surmonté d’une lanterne.
Les carolorégiens découvrent l’intérieur d’un édifice dont ils n’avaient jusqu’alors contemplé « que » les 240 mètres courants de façade composée en pierres bleue et blanche et en briques flammées. Outre les services administratifs, le bâtiment héberge une salle de spectacle de 1.100 places, un bureau de police et l’arsenal des pompiers.
Sur la place du Manège se dresse le Beffroi, symbole du pouvoir communal. Haut de 70 mètres, il est visible à des kilomètres aux alentours. Il est équipé d’un carillon de 47 cloches, totalisant 12.748 kilos.
Intérieur de l'Hôtel de Ville |
De l’actuelle place Charles II, la façade se dévoile comme un triptyque, toute en pierre bleue et blanche ; un perron donne accès au bâtiment, orné de quatre lampadaires en bronze massif. Trois portes en bronze s’ouvrent sur la salle des pas perdus et le hall d’honneur. De nombreuses statues rendent hommage à la ville, à sa richesse et à sa prospérité.
L’architecture est imposante, la décoration raffinée, et les matériaux sont prestigieux. Rien n’est trop beau pour affirmer la puissance économique de la ville, alors à son apogée. Le quartier de réception, Art déco, n’est que richesse et harmonie ; les formes sont géométrisées, épurées. Le hall d’honneur forme la pièce maitresse et ébloui par sa majesté ; il permet d’accéder à la Salle du Conseil et des mariages, ainsi qu’au Cabinet du bourgmestre. La Salle du Conseil est éclairée par trois lustres composés notamment de 90.000 perles produites au Val-Saint-Lambert.
L’Hôtel de Ville de Charleroi est rapidement reconnu comme l'une des plus somptueuses réalisations de Joseph André. Rapidement, la salle des fêtes accueille de nombreuses réceptions et galas, les marches de l’escalier d’honneur sont foulées par de nombreuses personnalités.
En décembre 1999, le beffroi est reconnu « Patrimoine mondial de l'humanité » par l'Unesco, en même temps que 29 autres beffrois belges et français. Deux années plus tard, en 2001, l’Hôtel de Ville est inscrit sur la liste du « Patrimoine exceptionnel » de la Région Wallonne.
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