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de Charleroi
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Le quartier de la Chapelle Saint-Ghislain début 1900


Le centre de Dampremy

Les environs de l'actuelle Chapelle Saint-Ghislain, début 1900

Dampremy est une commune relativement ancienne, déjà citée dans le polyptyque de l'Abbaye de Lobbes dressé en 868 et 869. Ce document, reprenant les biens de l'abbaye, comportait déjà une section « In Pago Darmiensi », témoignant de l’ancienneté du village. L’anathème de Notger renseigne en 980 que la Bancroix pour les églises du « Pagus Darmiensis » existe déjà depuis environ 150 ans1. Le village de Dampremy est donc relativement ancien, et sa mention comme « pagus » (circonscription) renseigne une certaine importance sur les villages voisins.

Les contributions de 1479 renseignent que Dampremy était redevable aux Etats de Namur d’une cotisation fiscale de plus de sept livres. Gilly était redevable de plus de vingt et une livres, et Lodelinsart, de plus de vingt-deux. La contribution de Charnoy –où sera érigée la forteresse de Charleroi– est beaucoup plus modeste, avec deux livres seulement2.

Un temps remarqué pour y ériger une forteresse défensive sur la Sambre, le village de Dampremy est épargné pour une position voisine. Le village de Charnoy est désigné pour y ériger dès 1666 la nouvelle forteresse de Charleroi, entraînant sa disparition.

Restée jusqu’alors rurale, le XIXième siècle transforme Dampremy radicalement. Après 1840, les industries charbonnière, métallurgique et verrière prennent de l’extension ; le développement de ces établissements et l’augmentation de la population font disparaître les terres et prairies de Dampremy. La population est multipliée par presque 7 en cinquante ans : elle passe de 1.355 habitants en 1840 à 9.380 en 18903. Deux infrastructures nouvelles soutiennent ce développement : le canal reliant Charleroi – en fait, Dampremy – à Bruxelles est inauguré en 1832, facilitant notamment l’écoulement du charbon. Quelques années plus tard, plus au sud, la ligne de chemin de fer reliant les deux mêmes villes est mise en service en 1843. La ligne de Charleroi à Louvain mise en service en 1855 borde l’est de la commune.

Vers 1860, « La grand’place était […] un pré bien vert ; devant les maisons étaient disposés des tas de fumier, car beaucoup d’habitants possédaient du bétail ; l’église actuelle [la deuxième église] n’existait pas, à son emplacement étaient de nombreuses et antiques bicoques ; l’ancienne église, plus étroite que celle de Landelies, était le seul temple de la commune ; beaucoup de rues n’étaient point pavées, même les plus importantes ; le cimetière actuel n’existait pas non plus, la nécropole était située au bas de la rue de Marchiennes […] les barons de Crawhez possédaient la moitié de la commune, qui consistait en d’immenses prés ; le parc de Crawhez était dans toute sa beauté ; il n’y avait pas encore de terrils » 4.

Dans les premières années du XXième siècle, se côtoient notamment dans le centre de la commune :

  • L'ancienne église, dont le choeur devient la Chapelle Saint-Ghislain, à proximité de l'ancienne grange de la Dîme
  • La nouvelle église
  • Le château de Crawhez et son parc, où seront déversées des terres formant le terril de la Blanchisserie
  • La maison communale
  • Le presbytère, où le curé De Jong et de sa servante furent assassinés en 1911
  • Le canal de Charleroi à Bruxelles

L’ancienne église - La Chapelle Saint-Ghislain

L'actuelle Chapelle Saint-Ghislain est un vestige de l'ancienne église Saint-Remy de Dampremy.

L’église Saint-Remy fut bâtie vers 1600. Le style gothique de l’édifice tente à confirmer la relative importance du village dans la région, dont dépend notamment l’église du village voisin de Charnoy.

Cette église fut en partie détruite pour une raison inconnue, et rebâtie en briques, en conservant toutefois le chœur de l'église précédente. C’est ce lieu de culte que connaissent et fréquentent les damrémois jusqu’à la fin du XIXième siècle, présentant sens

La chapelle Saint-Ghislain

iblement le même aspect que celui de l’église Saint-Rémy de Gilly-Village.

Les lieux sont cependant devenus trop exigus vu la forte croissance démographique que connaît la région à l’époque, conséquence de la forte industrialisation. Une nouvelle église est érigée à proximité immédiate, un peu plus au nord, dès 1870. Le Conseil de Fabrique envisage rapidement, dès 1874, la démolition de la vieille église, tout en conservant son chœur. L’évêque de Tournai, Monseigneur Dumont, apparenté aux familles Dumont et de Crawhez propose alors le rachat du chœur et du cimetière contigu dans le but de servir de sépulture aux deux familles. La transaction n’aboutit cependant pas5.

La nouvelle église est rapidement victime de dégâts miniers. Les offices se donnent à nouveau dans la vieille église, jusqu’en 18966. L’édifice est cependant en mauvais état, et la question de son avenir se repose rapidement. Bien que la commune fut obligée d’en restaurer la toiture et les murs7, le conseil communal s’apprête à proposer en 1909 la démolition de la vieille église, qui « tombe en ruines » 8. Le chœur est toutefois à préserver, à la demande de la Commission des Monuments9 . Les travaux de démolition sont votés lors du conseil communal du 21 mars 191310, et se déroulent en 191511.

La chapelle Saint-Ghislain - Stèle funéraire des familles de Crawhez et le Hardÿ de Beaulieu

Les travaux de restauration du chœur sont dirigés par l’architecte Oswald Pierard12. Les lieux sont destinés à devenir le caveau de familles Le Hardÿ de Beaulieu et de Crawhez, qui finance les travaux13, et à accueillir la chapelle de Saint-Ghislain, lieu de pèlerinage situé alors à proximité de l’entrée du cimetière14. Les vitraux du chœur racontent des épisodes de la vie du saint auquel est désormais dédiée la chapelle.

Une petite place est aménagée devant l’entrée. Les colonnes de l’ancienne église sont replacées sur le pourtour de la zone verte qui entoure désormais l’édifice15, et des pierres provenant de l'église du XVIIième siècle sont utilisées pour fermer le chœur. Le portail de la façade est surmonté du blason de la famille de Crawhez. La chapelle est inaugurée fin juin 191616 et accueille désormais les fidèles venus honorer Saint-Ghislain17, dont la statue trône au-dessus de la porte d’entrée.

L’ancienne « grange de la dîme », située face à la vieille église disparaît à cette époque18. Le curé y engrenait jusqu’à la Révolution française les produits de la dîme. Une petite ouverture carrée, encadrée de pierres, permettait aux damrémois de déposer leurs dus. Cette « bawette » (« petite ouverture » en wallon) fut récupérée et intégrée à l’un des murs de l’ancien cimetière, tout comme une fenêtre gothique provenant de la démolition de la nef de l’ancienne église19.

L’ancien cimetière qui entourait l’église disparaît également à l’époque. Plusieurs pierres tombales du cimetière et de l’intérieur de l’église sont conservées, et adossées au mur d’enceinte.

La chapelle Saint-Ghislain est classée comme monument le 11 octobre 1950. L’édifice est restauré en 1992 sous la direction de l’architecte Anthoine.

La deuxième église – La place entre la rue de la Marsaude et l'avenue Carlier

La nouvelle église et le château de Crawhez

L'ancienne église devenue pour les nombreux fidèles « si petite que des personnes y deviennent malades le dimanche », la nécessité de construite un nouveau lieu de culte apparaît dès le début des années 186020. Un différend entre le Conseil de Fabrique et le Conseil communal retarde cependant le projet de quelques années : les autorités laissent finalement le choix de l’emplacement et la direction des travaux à la Fabrique d’église21.

Le lieu choisit se situe à proximité immédiate de l’ancienne église, face au château de Crawhez. Le plan cadastral Popp, datant de cette époque, renseigne que les terrains destinés à accueillir le nouveau lieu de culte étaient la propriété de François-Xavier Dumont et de Marie-Françoise Dumont, veuve de Théodore Crawhez22.

De style roman, le nouvelle église est bénie le 7 juillet 1873 en présence du clergé et des autorités locales, ainsi que de Laurent Veydt, président du Conseil d'administration des Charbonnages de Sacré-Madame, des industriels Jules Houtart et Clément Bivort, et de l'architecte Bruyenne23. Les Bivort, fervents catholiques, et les charbonnages d’Amercoeur venaient de participer financièrement à l'édification dès 1865 de l'Eglise de Jumet-Gohyssart, confiée au même architecte Justin Bruyenne. En décembre 1873, à l’occasion de la Sainte-Barbe, Sacré-Madame fait don des orgues24.

Les travaux souterrains du charbonnage provoquent rapidement cependant d’importantes fissures à l’édifice25. Les offices se donnent à nouveau dans la vieille église dès 189026. Sacré-Madame est condamnée à la réparation du dommage causé : l’architecte Charles Procès mène les travaux de restauration27. Les mouvements de terrain causés par les mines dans la région de Charleroi sont importants, et auront raison de l’édifice. La zone de la vieille église, voisine immédiate de la nouvelle église, est particulièrement touchée. En 1907, le ministre Delbeke, alors à la tête du département des travaux publics, répondant à une question à la Chambre concernant les affaissements de plus en plus considérables : « (…) on peut évaluer à 10 à 13 centimètres en moyenne l’affaissement constant que subit la région de Charleroi » 28. La cote se rapportant à l’année 1905 renseigne pour la veille église de Dampremy un affaissement de 3,38 mètres29.

La nouvelle église rendue au culte, les travaux de démolition de la vieille église débutent en 191530. Il faut attendre 192931 pour que la décoration intérieure ne soit finalisée.

Après la Seconde Guerre mondiale, de nouveaux mouvements miniers obligent la construction d’une armature métallique dans le transept afin de consolider l’église. Le quartier, depuis la place jusqu'à l'ancien puits « Ma Campagne » (Puits Mécanique, près du croisement des rues Decoux et Lahaut) est bâti sur du terrain très mouvant. Le danger de cette instabilité se trouve renforcé par le poids des deux terrils qui se dressent non loin l'un de l'autre et qui pèsent sur ces terrains. « L'église elle-même n'est pas épargnée, et depuis des années déjà, on ne la connaît plus sans échafaudages intérieurs » 32.

Une troisième église est finalement érigée en 1978, rue Sainte-Barbe, par les architectes Michel Rons et Jacques Gailly, à proximité de l’ancien « Château Passelecq », reconverti en maison communale de Dampremy. La démolition de la deuxième église débute en 1981.

Le château de Crawhez et son parc – Le terril de la Blanchisserie

La nouvelle église et le château de Crawhez

Ancien château-ferme de la famille Dumont, la demeure entre dans la famille de Crawhez par le mariage de Théodore-François-Joseph de Crawhez avec Marie-Françoise-Pélagie Dumont en 1816.

En 187833, Théodore, leur fils, devient baron. L'ancien château-ferme est alors remanié, lui donnant les allures d'un petit château. La façade postérieure est modifiée : des tourelles d’angle sont ajoutées, ainsi qu’un fronton médian avec les armes des de Crawhez34.

Dans le parc se situe le « Pavillon Napoléon », pavillon de chasse à deux étages de forme octogonale, bâti en style Louis XV. La tradition locale prétendait que l’Empereur y avait séjourné après la retraite de Russie35.

Les Crawhez quittent Dampremy pour Gosselies en 189136. Ils y possèdent le domaine du Bois Lombut, qu’ils font aménager à partir de 1869.

En 1913, la société Sacré-Madame achète aux Crawhez leur château ainsi que le parc y attenant, d’une superficie de 3 hectares 50 ares37. Le parc est destiné à accueillir un terril. Sacré-Madame installe un chemin de fer aérien partant du siège de la Blanchisserie, de l’autre côté de la route de Mons et aux portes de Charleroi, afin de déverser les terres sur les anciens terrains des Crawhez. « En place de ce souriant tapis de verdure bientôt s’élèvera un sombre terril à l’aspect hideux »38. Il s’agit du terril de la Blanchisserie qui, petit-à-petit fait disparaître le parc, et le « Pavillon Napoléon », isolant Dampremy de Charleroi.

La nouvelle église et l'ancien château de Crawhez

La demeure est, elle, par la suite transformée en dispensaire pour les ouvriers malades ou blessés de Sacré-Madame, et, plus tard, de la Caisse Commune des Charbonnages39. En 1934, la Gazette renseigne concernant le dispensaire : « […], un des plus importants, est situé à cinquante mètres de la place communale […] dans un vaste bâtiment. […] Une infirmière des « Sœurs de la Charité » de Namur nous donne quelques renseignements : « Notre dispensaire, nous dit-elle, soigne les blessés des charbonnages de Sacré-Madame (4 puits), Monceau-Fontaine (2), Forte-Taille, Réunis (3), et de la Fabrique de Fer de Charleroi. […] Il y a actuellement 165 ouvriers et ouvrières en traitement, mais 110 se font soigner tout en continuant leur travail, car ce sont des blessés très légers […] » »40.

La Gazette se souvient la même année de l’aspect des lieux, vingt ans plus tôt :

Le terril de la Blanchisserie sur l'ancien parc des Crawhez (2014)

« Le parc de Crawhez était, surtout, un coin délicieux de fraîcheur ; on y accédait par la cour du castel ou par la grande porte grillagée qui donne sur la rue E. Van Geersdaele, alors rue de la Drève ; cette rue prolongeait en quelque sorte un chemin empierré qui, partant de la grille, allait aboutir aux communs du castel, après avoir longé les baraquements du club d’élevage de chiens policiers, et qui offrait une perspective arborée, aux habitants qui descendaient vers le centre de la localité. Au milieu du parc existait un pavillon de chasse octogonal en ruines depuis longtemps, où la tradition fit coucher Napoléon. Autour du pavillon, jugé sur un mamelon, une futaie épaisse, semée de grands arbres centenaires ; en lisière du château, un verger où les galopins du voisinage venaient risquer le fond de leurs culottes aux crocs des chiens du chenil. En été, que de vie dans toute cette verdure : les gens du voisinage passaient les clôtures et allaient jouir de la fraîcheur de ces petits bois habités par une multitude de chantres ailés. L’industrie dévastatrice a anéanti ce dernier asile de la nature, le charbonnage a jeté là un terril énorme et sombre qui recouvre le parc et le pavillon de chasse ; l’avenue qui menait à la rue de la Drève est condamnée : seule la porte subsiste encore, monumentale, avec ses piliers de pierre surmontés de la couronne et du chiffre des Crawhez. Elle défend l’entrée d’un chantier de tailleurs de pierres et l’on peut voir des tombes à travers ses barreaux »41.

Rasé à la fin des années 1970, le château se situait plus ou moins à l'emplacement où le métro léger pénètre sous terre pour rejoindre la station Dampremy. Du domaine des Crawhez, il ne reste aujourd'hui que la grille d'accès, située rue de Gaulle, le petit parc du « Crawha », ainsi que la légende récente du château englouti. Le nom de la famille relie avec Dampremy, lorsque, suite au Conseil communal du 21 novembre 2016, l’ancienne place Albert Ier est rebaptisée Place de Crawhez.

La maison communale

La maison communale

En remplacement d’un ancien bâtiment devenu vétuste42, Dampremy décrète en 186943 la construction d’un nouveau bâtiment pour abriter l’autorité communale. Les travaux débutent la même année, et la réception provisoire a lieu le 8 septembre 187144.

Le bâtiment reste inchangé jusqu’en 1906, année où le porche d’entrée subit des modifications. En 1920, une maison à gauche est annexée pour accueillir le commissariat de police45. Des travaux de restauration sont menés en 1950 suite à des mouvements miniers46.

En 196247, la commune décide le rachat du parc et de l’ancien château directorial des Charbonnages de Mambourg, Sacré-Madame et Poirier Réunis. Ce « château » fut érigé vers la moitié du XIXième48 dans le centre de Dampremy, à proximité des installations des Charbonnages de Sacré-Madame. Philippe Passelecq, directeur-gérant du Charbonnage, dispose de ce logement de fonction au début du XXième siècle. La demeure devient ensuite le Château Roisin, du nom de son successeur, Louis Roisin. Le 26 juin 196949, la commune prend possession du château restauré.

Les deux anciennes maisons communales abritent aujourd’hui des services communaux de Charleroi.

Le presbytère – Le meurtre du curé De Jong et de sa servante

Le presbytère et la vieille église

L’ancienne cure, construite en 182950, jouxtait l’ancienne église, au coin avec le « chemin du Calvaire ». Le bâtiment est quelque peu excentré de la place de Dampremy, à l’arrière de la nouvelle église.

Le curé François-Xavier De Jong office depuis 1906 à Dampremy. Né à Gilze (Hollande) le 28 juin 1855, il rejoint Pâturages après ses études en théologie et obtient sa naturalisation. Nommé curé de la nouvelle paroisse de Gilly Sart-Allet en 1883, il rejoint finalement la paroisse de Dampremy où il partage le presbytère avec sa servante Marie-Palmyre Roland, née à Beloeil en 1843.

La nuit du 27 février 1911, plusieurs individus entrent par effraction dans le presbytère. Les voleurs pénètrent au rez-de-chaussée par une brèche pratiquée dans la maçonnerie. Ils ne trouvent cependant aucune valeur et se heurtent à des portes fermées. A l’aide d’une échelle, les malfrats brisent une vitre située à l’étage et gagnent la chambre du curé. Surpris dans son sommeil, le curé De Jong est bâillonné et ligoté. Marie-Palmyre, alertée par les cris, se précipite dans la chambre ; un coup mortel lui est porté sur la tempe. Elle s’effondre sur le palier. Les bandits, obligeant le curé à les suivre, ouvrent tous les meubles et explorent toutes les cachettes possibles. Sous la menace, François-Xavier De Jong ouvre un coffre-fort contenant environ 5.000 francs, somme destinée aux Œuvres de la paroisse et aux paiements de la Fabrique d’Eglise et des écoles. Les valeurs sont délaissées au profit de l’argent liquide. Un butin trouvé, un coup mortel est porté au curé ; son crâne est fracassé. Les deux corps sont retrouvés le lendemain matin par le sacristain.

Abbé François-Xavier De Jong

Rapidement descendu sur les lieux, le Parquet de Charleroi ouvre une enquête. Les inspecteurs interrogent et perquisitionnent. Si la police se démène, elle ne trouve cependant pas trace des assassins… Les funérailles de l’abbé De Jong et de Marie-Palmyre Roland se déroulent le 3 mars 1911.

Quelques jours plus tard, dans la nuit du 7 au 8 mars 1911, deux anarchistes sont arrêtés par une patrouille de police dans le centre de Charleroi, dont l’un a fait feu sur l’agent Desmarets [ou Demaretz, Desmaray, Desmarez, en fonction des journaux]. Deux autres complices, Octave Garnier et Marie Vouillemin, sont en train de cambrioler un caféet devaient être protégés par les deux guetteurs. Cette tentative de meurtre sur Desmarets figure en premier sur la longue liste des crimes qui sont imputés à la Bande à Bonnot51.

La similitude avec les faits de Dampremy peuvent laisser à penser que des membres de la future Bande, alors présents à Charleroi, sont à l’origine du double meurtre du curé et de sa servante. C’est peu de temps après, en fuite à Paris, que Garnier et Vouillemin rencontrent Jules Bonnot.

Après le démantèlement de la Bande, Louis Fegeard, un détenu ayant côtoyé plusieurs de ses membres, accusera en 1912 Octave Garnier et trois autres complices du double meurtre de Dampremy. Mais Garnier est mort le 15 mai 1912 d’une balle dans la tempe… Fegeard dévoila les noms de deux autres protagonistes, décédés, mais refusa de délivrer le nom du quatrième, alors toujours en vie52. Les auteurs de l’assassinat de François-Xavier De Jong et de Marie-Palmyre Roland ne seront jamais identifiés avec certitude.

Le presbytère fut démoli lors de la construction du métro.

Pour en savoir plus, consultez l'article dédié au double meurtre de l'abbé De Jong et de sa servante Marie-Palmyre Roland

Le canal et le port de Dampremy

Le canal de Charleroi à Bruxelles, ouvert à la circulation le 22 septembre 1832, était, dans sa conception initiale, calibré sur le gabarit de bateaux de 70 tonnes. Le point d’embranchement avec la Sambre se situait à Dampremy, un peu au sud du centre de la commune. La mise à 300 tonnes entre Charleroi et Seneffe déplace la jonction avec la Sambre à Marchienne-au-Pont, entre la gare et les usines de la Providence. Cette section modernisée est inaugurée le 4 mai 185653.

Le canal à Dampremy

Des travaux ultérieurs permettent la circulation de plus gros tonnages vers Bruxelles. A la vieille de la Seconde Guerre mondiale cependant, le canal ne permet pas encore la circulation de bateaux de 1350 tonnes entre Charleroi et Clabecq alors que c’est déjà le cas entre Clabecq et Bruxelles. Entre Marchienne et Seneffe, la circulation n’est possible que pour les bateaux de 300 tonnes, et entre Seneffe et Clabecq, pour ceux de 500 tonnes. En 1947, dans le cadre de la modernisation des voies navigables belges, la mise au gabarit de 1350 tonnes du canal de Charleroi à Bruxelles est notamment décidée, facilitant le transport des marchandises de et vers les industries carolorégiennes.

L’embranchement avec la Sambre est fixé non plus à Marchienne, mais à Dampremy, là où le canal de 70 tonnes rejoignait la rivière, et depuis désaffecté. L’établissement d’un port à Dampremy et la création d’un bassin de revirement sont également décidés. Le cours du Piéton est déplacé et voûté.

Les travaux débutent en juin 1948. De nombreuses maisons sont abattues aux abords du « Pont du Canal »54.Les terres nécessaires au remblaiement des vastes terrains s’étendant entre le Piéton, la Sambre, la Blanchisserie et la route de Mons proviennent du « vieux terril de la Blanchisserie ». Les terrains qui borderont le nouveau port doivent être rehaussés de 1,75 mètre55.

Les travaux de modernisation du canal s’achèvent en avril 1968 avec la mise en service du plan incliné de Ronquières56.


POUR Y ACCEDER

Chapelle Saint-Ghislain
Rue Vieille Église
6020 Charleroi (Dampremy)

Métro Dampremy

CONTENU MULTIMEDIA

Toutes les illustrations, sauf mention contraire, sont issues de la collection de l'auteur.


LIENS

Pas de liens

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE


LOCALISATION


REFERENCES & NOTES

  1. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 73
  2. Plans en relief de villes belges levés par des ingénieurs militaires français, XVIIe-XIXe siècle, 1965, p. 62
  3. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 54
  4. Gazette de Charleroi, 19/09/1933
  5. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 78
  6. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 78
  7. Gazette de Charleroi, 07/11/1905
  8. Journal de Charleroi, 13/06/1909
  9. Journal de Charleroi, 28/06/1909
  10. Journal de Charleroi, 27/03/1913
  11. Région de Charleroi, 25/08/1915
  12. Région de Charleroi, 10/10/1915
  13. Région de Charleroi, 25/08/1915
  14. Région de Charleroi, 25/08/1915
  15. Région de Charleroi, 10/10/1915
  16. Région de Charleroi, 20/06/1916
  17. Région de Charleroi, 23/06/1916
  18. Région de Charleroi, 20/06/1916 et MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 75
  19. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 75
  20. Journal de Charleroi, 18/07/1869
  21. Journal de Charleroi, 24/02/1870
  22. François-Xavier Dumont : parcelles section B : 120, 89bis, 87a, 88a. Marie-Françoise Dumont, veuve de Théodore Crawhez : parcelles section B : 123a, 121a, 121b, 122a, 122b, 124
  23. Journal de Charleroi, 09/07/1873
  24. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 79
  25. Journal de Charleroi, 05/08/1897
  26. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 79
  27. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 79
  28. Journal de Charleroi, 01/03/1912
  29. Journal de Charleroi, 01/03/1912
  30. Région de Charleroi, 25/08/1915
  31. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 79
  32. Indépendance (L') - Quotidien de Charleroi, 03/06/1946
  33. Almanach Royal officiel : publié, depuis 1840, en exécution d’un arrêté du Roi : année 1883. Bruxelles : Guyot Frères, 1883, p. 62
  34. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 67
  35. Gazette de Charleroi, 19/03/1934
  36. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 67
  37. SOCIETE ANONYME DU CHARBONNAGE DE SACRE-MADAME A DAMPREMY. Centième anniversaire : 1838 – 1938. Dampremy, SA du Charbonnage de Sacré-Madame, 1938, p. 55
  38. Journal de Charleroi, 15/07/1914
  39. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 67
  40. Gazette de Charleroi, 22/03/1934
  41. Gazette de Charleroi, 08/01/1934
  42. DELAET, Jean-Louis ; MARGOS, Rina ; LEMAL-MENGEOT, Chantal. Hôtels de Ville et Maisons communales de Charleroi. Namur : Région wallonne, 1995, p. 7
  43. Journal de Charleroi, 15/08/1869
  44. DELAET, Jean-Louis ; MARGOS, Rina ; LEMAL-MENGEOT, Chantal. Hôtels de Ville et Maisons communales de Charleroi. Namur : Région wallonne, 1995, p. 7
  45. DELAET, Jean-Louis ; MARGOS, Rina ; LEMAL-MENGEOT, Chantal. Hôtels de Ville et Maisons communales de Charleroi. Namur : Région wallonne, 1995, p. 8
  46. DELAET, Jean-Louis ; MARGOS, Rina ; LEMAL-MENGEOT, Chantal. Hôtels de Ville et Maisons communales de Charleroi. Namur : Région wallonne, 1995, p. 8
  47. DELAET, Jean-Louis ; MARGOS, Rina ; LEMAL-MENGEOT, Chantal. Hôtels de Ville et Maisons communales de Charleroi. Namur : Région wallonne, 1995, p. 8
  48. Le château n’existe pas encore au lieu-dit « Haut du Village » au cadastre primitif (1830-1834), mais est présent sur le plan Popp, qui date d’avant 1873, année de bénédiction de la nouvelle église
  49. DELAET, Jean-Louis ; MARGOS, Rina ; LEMAL-MENGEOT, Chantal. Hôtels de Ville et Maisons communales de Charleroi. Namur : Région wallonne, 1995, p. 8
  50. MORET, Albert. Les origines de Dampremy, p. 77
  51. Gazette de Charleroi, 06/05/1912 et 07/06/1912, et MERIC, Victor. Les bandits tragiques. Paris : Simon Kra, 1926, p. 153
  52. Gazette de Charleroi, 04/08/1912
  53. Journal de Charleroi, 07/05/1856
  54. Indépendance (L') - Quotidien de Charleroi, 21/09/1949
  55. Indépendance (L') - Quotidien de Charleroi, 03/09/1948
  56. STERLING, André & DAMBRAIN, Michel. Le Canal de Charleroi à Bruxelles. Namur : Ministère wallon de l'équipement et des transports. Centre administratif, 2001 ; Tournai : La renaissance du livre, 2001, p. 142-143
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