Histoire(s) & patrimoine de Charleroi |
Ville militaire à l’origine, les édifices construits intra-muros dans les premières dizaines d’années suivants la fondation de la forteresse en 1666 ne pouvaient dépasser une certaine hauteur afin de ne révéler aucun bâtiment pouvant montrer un attrait stratégique à l’ennemi. Les bâtiments bâtis dans l’enceinte de la forteresse présentent une certaine uniformité : ils sont d’égale hauteur et ne comportent qu’un seul étage, sous toits mansardés. La vocation militaire de Charleroi explique cette uniformité de style, de couleur, de hauteur des bâtiments. Seuls les édifices religieux rompent quelque peu la rigueur architecturale. Aucun élément ne permet, de loin, de différencier les habitations des casernes, des magasins à poudre, de la maison du Gouverneur. A la Ville-Basse, notamment rue de Dampremy, les bâtiments érigés à proximité de la rivière sont toutefois plus élevés, mais plus étroits, diminuant la superficie potentiellement inondable en cas de crues de la Sambre.
Le Palais de l'Industrie et du Travail (détail carte postale ancienne, édition VPF) |
Il faut attendre la moitié du XIXième siècle pour que des bâtiments un plus imposants commencent à s’ériger dans le centre-ville. Le démantèlement de la forteresse est décidé en 1867 ; les remparts sont démolis, libérant des dizaines d’hectares de terrain. Ce qui fut par le passé bastions, glacis et fossés sont remplacés par de belles demeures, parfois massives, mais toujours peu élevées. Certains bâtiments commencent à se distinguer, notamment les premiers « grands magasins » qui s’installent en ville. Longtemps, le « Palais de l’Industrie », magasin de nouveautés pour hommes et femmes érigé en 1871 au croisement de la rue de la Montagne et de l’actuel boulevard de l’Yser, est considéré comme l’un des bâtiments les plus imposants de la ville, ne comptant pourtant que trois étages mais couronné par un imposant toit vertical. A la Ville-Basse, plusieurs immeubles commerciaux dominent l’actuelle place Albert Ier, mais ils ne comportent également que quelques étages.
Inauguré en 1911 à l'occasion de l'Exposition Internationale de Charleroi, l'Hôtel des Postes situé Place Verte est flanqué d'une tour de 45 mètres de hauteur surmontée d’une toiture en bulbe. Cette tour domine à l’époque les bâtiments de la Ville-Basse permettant la bonne transmission des télégraphes sur le territoire de Charleroi.
Le Beffroi de l'Hôtel de Ville |
Ce n’est réellement que dans l’entre-deux-guerres que Charleroi commence à gagner en verticalité. En 1925 est érigée par Joseph André la « Maison des Corporations », place de la Ville-Basse. Ce bâtiment se détache nettement de ses voisins directs, deux fois moins élevés et comptant pourtant chacun trois étages, plus les combles. Il s’agit d’un immeuble de rapport abritant les bureaux de diverses associations professionnelles.
Au lendemain de la première guerre mondiale, une cité de baraquements en bois est érigée de 1924 à 1931 sur les anciens terrains domaniaux, entre les rues de la Neuville et Isaac afin de remédier à la crise des logements due à la guerre. Ces baraquements vont disparaître et laisser place à de nouvelles habitations, notamment des immeubles à appartements. Leur nombre à Charleroi avant les années 30 reste faible. Comme partout ailleurs en Belgique, la norme d’habitation reste la maison unifamiliale. L’immeuble à appartements commence cependant à connaître son essor : la loi du 8 juillet 1924 sur la copropriété précise le statut juridique du propriétaire d’appartement. Les petits immeubles à appartements commencent à se multiplier.
La Vigie hennuyère |
Le 18 octobre 1936, Charleroi inaugure son nouvel Hôtel de Ville, flanqué d’un beffroi de 70 mètres, ce dernier consistant alors en la construction la plus élevée de la ville. Cette nouvelle construction affirme à Charleroi son statut de centre administratif et économique de la région.
En 1939, Marcel Leborgne édifie avec l’architecte Hosdain un immeuble à appartements de huit étages à la demande de Charles Moreau, au coin des boulevards Dewandre et Joseph II. L’année précédente, Leborgne a déjà édifié à Marcinelle un immeuble semblable de neufs étages à la rue Charles Ernest, véritable paquebot ancré aux portes de Charleroi.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les travaux de comblement de l’ancien lit de la Sambre reprennent, et débouchent sur la création du boulevard Tirou, inauguré le 11 octobre 1948. Rapidement, la nouvelle artère est bâtie d’immeubles nettement plus élevés que les bâtiments situés dans les artères avoisinantes. Partout en ville, les anciens bâtiments vont commencer à disparaître pour être remplacés par des édifices qui gagnent en hauteur. Les années 50 et 60 marquent le début de l’ère de la verticalité à Charleroi ; ces années verront pousser la majeure partie des grands « buildings » du centre-ville.
L'Eglise Saint-Christophe |
La première pierre du véritable premier « building » de Charleroi est posée en 1956 ; la future « Cité juvénile » ou « Vigie hennuyère » est érigée à côté de l’Université du Travail sur l’un des points les plus hauts du centre de Charleroi. La Vigie est inaugurée en 1962 et, de par sa localisation, visible à plusieurs kilomètres à la ronde.
Vers le milieu des années 1950, l'église Saint-Christophe est totalement transformée d'un point de vue architectural. Joseph André donne à l'ancienne église une allure de basilique : un dôme de cuivre patiné culmine à 48 mètres de hauteur ; le sens d'orientation de l'église est modifié. La basilique se présente en deux axes : un axe ancien, composé d'éléments de l'ancienne église de 1722, et un axe moderne. L'édifice est consacré par l’évêque de Tournai, monseigneur Himmer, le 16 mars 1958.
Connaissant un certain succès, l'Institut Médico-Chirurgical des Mutualités Socialistes (Institut Gailly) est agrandi a deux reprises, dans les années 1955-1965. Un bâtiment plus vaste, d'une dizaine d'étages, est érigé à côté de la première structure ; une tour un peu plus élevée marque la rencontre des deux aîles.
Le Centre Albert |
En 1961 est présenté le projet du « Centre Albert » par son promoteur Jean Baudoux et ses trois principaux architectes : Jacques Depelsenaire, Pol Hayot et Michel Marchal. Il est décidé de faire appel à un nouveau procédé de construction, non encore utilisé en Belgique. Il s’agissait de dresser une tour centrale en béton armé et plein ; les étages supportés par des charpentes métalliques viennent s’adosser les uns après les autres contre cette tour centrale. Ce procédé va permettre à la tour d’être érigée rapidement : le chantier de construction est inauguré le 11 juin 1964, et la tour officiellement inaugurée le 10 juillet 1967. Le projet initial prévoyait d’y installer des commerces et services au rez-de-chaussée et à l’entresol ; un hôtel était prévu aux deux premiers étages, et entre le 3ième et le 14ième prendraient place des bureaux. A partir du quinzième se situeraient des appartements luxueux. Le 28ième étage accueillerait une salle de conférence, un bar et un dancing. Le « Centre Albert » n’abrite aujourd’hui que des bureaux, et reste toujours aujourd’hui le building le plus élevé de Charleroi.
Le Centre Europe |
A la Ville-Basse, l’ancien Hôtel de l’Europe ne bénéficie plus de la même réputation que par le passé. Sa brasserie, fréquentée par une classe aisée, fut longtemps le lieu de rencontre des hommes d’affaires. Le lieu décline cependant début des années 60, et l’ancien hôtel est démoli vers 1965. La société de Bonfils Koeckelberg érige à sa place, au coin des rues du Collège et du Commerce, un immeuble à appartements dont les niveaux les plus bas sont réservés aux commerces et bureaux : le « Centre Europe ».
D’autres grands ensembles sont bâtis aux portes du centre-ville. C’est le cas de la « Résidence des Palais », construite dans les années 1960 rue de Mons, à l'emplacement d'un autre projet immobilier : la Résidence Les Beaux-Arts. A la même époque, le « Building Plasman » ou « de la Prévoyance sociale » remplace l’ancien distributeur de voitures Plasman, près de Viaduc. Charleroi-Nord accueille la tour « Apollo » ; à la Villette sont érigés deux buildings à appartements. A la rue de la Neuville, un immeuble de 12 étages est érigé derrière le stade en 1969.
L'Hôtel de Police |
Certains voyaient déjà la ville parsemée de tours ; les conditions économiques des années 60 vont cependant freiner de nombreux réalisations… Il faut attendre plusieurs dizaines d’années pour que de nouveaux projets de hauts bâtiments se concrétisent. Le 12 septembre 2012 a lieu la pose de la première pierre de l’Hôtel de Police de Charleroi, sur le site de l'ancienne caserne Defeld. La tour de 75 mètres due à l’architecte Jean Nouvel est officiellement inaugurée le vendredi 14 novembre 2014.
En mars 2018, la première tour du complexe « Left Side Business Park » reçoit son permis d'urbanisme. La tour de dix étages devrait pouvoir accueillir la FGTB -le propriétaire- dans le futur quartier d'affaires de la Ville-Basse vers 2020. Le projet « Left Side Business Park » prévoit la construction de 40.000 m2 de bureaux répartis dans quatre tours, et approximativement 380 logements répartis dans deux tours. A l'est, le projet -aujourd'hui ralenti- River Tower porte sur la construction de deux tours de 27 étages.
Comparé à d’autres villes, Charleroi ne compte que très peu de buildings. Dès sa construction, c’est le « Centre Albert » qui obtient le titre d’immeuble le plus élevé de toute la région, du haut de ses 83 mètres.
Classement de quelques bâtiments du centre de Charleroi en fonction de leur hauteur
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