Histoire(s) & patrimoine de Charleroi |
L'ancien château, prolongé à l'arrière par l'église |
Né à Gilly le 14 février 1810, Valentin Lambert fut initié aux affaires par son père qui avait pris part à l’administration des charbonnages, usines métallurgiques et verreries, propriétés de la famille Desandrouin. Valentin Lambert devint un industriel actif dans plusieurs sociétés charbonnières, ainsi que dans l’industrie verrière du bassin de Charleroi. La famille Lambert apporta une aide importante aux frères Solvay dans la création de leur entreprise ; Valentin Lambert fut également administrateur de la Banque de la Sambre. En 1851, il fonde une verrerie à Marchienne-au-Pont avec Achille Andris.
En parallèle de ses activités industrielles, Valentin Lambert fut également conseiller communal de Gilly.
Devenu un industriel fortuné, Valentin Lambert fait ériger après le troisième quart du XIXième siècle une grande bâtisse dans le quartier de Jumet-Hamendes. Les plans sont établis par l’architecte Elie Piérard, qui, en 1877, avait déjà dressé les plans du château de la Motte à Gougnies, sous les ordres d'Henri Pirmez. Le site du futur château était précédemment occupé par une ancienne verrerie appartenant à la famille de Colnet, fondée durant la seconde moitié du XVIIième siècle et considérée comme la première verrerie industrielle de la région de Charleroi.
Bien qu’il soit veuf depuis 1860 d’Aline Lalieux (1810-1860), Valentin Lambert prend possession en 1881 d’une demeure comportant quarante-sept pièces sur cinq niveaux et une chapelle consacrée. Les briques utilisées proviennent de la briqueterie des Hamendes. La demeure est de style néo-renaissance ; une importante tour d’angle lui donne une allure fortifiée. Le « Château des Hamendes » est entouré d’un vaste parc. A proximité immédiate se situe sur le territoire de Gilly le Château Pirmez. Il fut construit en 1876 pour le banquier Eudore Pirmez et son épouse Léona Lambert, fille de Valentin Lambert.
Valentin Lambert décède le 1er mars 1886. Fin mars de la même année, des émeutes ouvrières secouent la région. Des verreries sont pillées et incendiées ; des demeures patronales connaissent le même sort. A moins d’un kilomètre de la propriété Lambert, les verreries et le château de l’industriel Eugène Baudoux ne sont plus que ruines. Ces incendies aux Hamendes sont l’un des faits les plus marquants de ces émeutes ; le Château de Valentin Lambert est quant à lui épargné. Au lendemain de ces événements, par sécurité, une pièce de la tour d’angle est transformée en pièce blindée afin d’offrir un refuge aux occupants en cas de nouvelles émeutes. Des réservoirs d’eau sont installés dans les combles.
Le choeur de l'église Saint-Lambert, orné d'anciens vitraux du château |
La fille de Valentin Lambert, Valentine Lambert, hérite au décès de son père de la propriété. Elle s’y installe avec son époux, le maître-verrier Léon Mondron.
La famille Mondron est une grande famille de carriers active au XVIIième siècle dans la région de Feluy-Arquennes. Une branche de la famille s'oriente par la suite vers le travail du verre et s’installe dans la région de Charleroi.
Léon Mondron est né à Lodelinsart le 30 avril 1838. Descendant d’une famille active dans le secteur verrier, Léon Mondron rachète les Verreries de La Planche et fonde en 1872 les Verreries de l’Ancre réunies. Il est l’un des premiers à installer dans ses usines des fours à bassins pour produire le verre à vitre.
Il est bourgmestre de Lodelinsart de 1870 à 1877 ; il est également à deux reprises président de l'Association des maîtres de verrerie.
Léon Mondron décède le 22 février 1912 ; son épouse Valentine Mondron-Lambert continue d’occuper la demeure familiale jusqu’à sa mort. Elle décède au Château le 19 janvier 1929.
Attachée au quartier de Jumet Hamendes où elle avait presque toujours vécu, Valentine Mondron-Lambert avait émis le vœux d’être inhumée dans le cimetière des Hamendes. Elle souhaitait également que la chapelle du château continue à servir de lieu de culte, comme de son vivant.
Les enfants de Valentine Mondron-Lambert vont respecter ses volontés, tout en les amplifiant considérablement. La demeure familiale est destinée à être transformée en église, conservant l’architecture extérieure du château, mais réaménageant presque totalement l’intérieur de la demeure. Le 4 août 1930, les travaux de transformation de l’édifice débutent.
L’extérieur de l’édifice n’est que partiellement modifié. La modification la plus marquante se situe à l’arrière du château, où vient se greffer l’église au reste du bâtiment. L’architecture globale et le caractère du château sont conservés, tout comme le parc. Encore peu utilisé, le béton armé est largement utilisé pour la construction de l’édifice religieux ; la brique pour les façades est la même que celle qui le fut lors de la construction du château, provenant de la briqueterie des Hamendes.
Si la transformation du château en église a fait disparaître de nombreuses pièces, elle n’en est pas moins une réussite, conservant certaines parties du château et en intégrant d’autres dans l’église. Des vitraux profanes à décor floral provenant de l’ancien hall d’entrée du château sont installés dans le chœur de l’église, à côté de vitraux religieux. Les techniques de construction utilisées permettent d’obtenir un volume dégagé, sans colonnes pour soutenir le plafond de l’église.
Plusieurs salles d’époque existent toujours, présentant une décoration typique du XIXième siècle : paysages peints sur toiles, cheminées monumentales en marbre, boiseries ouvragées, fenêtres imposantes,…
Le 10 septembre 1931, le nouvelle église, dédiée à Saint-Lambert, est consacrée par Monseigneur Rasneur, évêque de Tournai. La nouvelle paroisse de Jumet Hamendes dépend du doyenné de Gilly ; le premier curé est l’abbé Duray. Rapidement, une vie communautaire s’organise et différentes activités sont organisées.
Une crypte est construite en 1932 derrière l’église afin d’inhumer les défunts de la famille Mondron-Lambert.
L'église Saint-Lambert |
Un bail emphytéotique entre l’évêché de Tournai et la famille Mondron est conclu en 1935 portant sur l’utilisation de l’église Saint-Lambert. A peu près à la même époque, un culte particulier à Sainte-Rita s’instaure.
Après la seconde guerre mondiale, le château accueille les Pères Assomptionnistes, obligés de quitter le Prieuré Saint-Michel de Sart-les-Moines suite aux travaux de modernisation et d’agrandissement du canal Charleroi-Bruxelles. Le château devient le siège de la communauté religieuse.
En 1946, le parc est vendu à un particulier ; l’acte est cependant frappé de nombreuses règles afin de préserver l’ensemble du domaine, notamment l’interdiction de bâtir à proximité du château.
En 1956, l’asbl « Oeuvres Paroissiales Jumet Hamendes », devenue aujourd’hui « asbl Saint Lambert-Château Mondron », devient propriétaire des lieux. L’asbl acquiert également un autre terrain à proximité du château.
En 1960 la commune de Jumet prévoit la rénovation du quartier des Hamendes ; les autorités communales lèvent l’interdiction de bâtir à proximité du château, interdiction qui préservait jusqu’alors lieu. Les terrains acquis autour du château par un particulier en 1946 sont revendus à une société immobilière afin d’y ériger plusieurs tours de logement. La société immobilière tente également d’acquérir un autre terrain à proximité du château, afin d’y aménager des logements, des commerces et une pompe à essence. La famille Lambert-Mondron refuse les propositions du promoteur, privilégiant le maintien d’un espace de verdure à proximité du château. Le quartier s’urbanise néanmoins, et plusieurs immeubles à appartements sont érigés dans les environs proches.
En 1965, une école est ouverte dans les anciennes écuries du château.
L'Abbé Rémy relance en 1971 les activités de la paroisse, respectant les volontés exprimées par Valentine Mondron. Depuis, le site participe de manière active à la vie du quartier, dépassant sa vocation religieuse.
En 2003, l’asbl propriétaire change de nom et devient « asbl Saint Lambert-Château Mondron ».
La région comptait par le passé plusieurs dizaines de demeure bourgeoise aux allures de château. Propriétés d’industriels ou de sociétés, ces bâtiments ont été mal traités, et un grand nombre d’entre eux ont aujourd’hui disparus. Certains persistent toujours cependant, cachés dans des parcs particuliers ou se dressant au cœur d’un quartier. La destinée du Château Mondron, tranformé en église, est unique. Fin 2013, la ville de Charleroi propose le classement partiel du bâtiment.
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