Histoire(s) & patrimoine de Charleroi |
Jacques Bertrand descend d'une famille modeste ; son père, Blaise, est originaire de la région de Chimay, installé très jeune à Charleroi pour y effectuer des travaux de terrassement. Blaise épouse Marie Douriet, originaire de Lodelinsart. Ensemble, ils auront dix enfants : Jacques est le quatrième.
La famille Bertrand est modeste. Bien que doué pour les études, Jacques Bertrand ne peut les poursuivre : âgé de dix ans, il quitte l'école pour rentrer en apprentissage chez son beau-frère, ses parents n'ayant plus les moyens de le laisser poursuivre son cursus, mais il continue à s'instruire afin de combler son naturel curieux. Il est initié à la fabrication de chaises.
A la fin de sa formation, il réalise un tour de France qui dure deux ans, comme il était de coutume à l’époque de le faire. C’est sans doute pendant ce déplacement qu’il se rend compte de son attachement à sa région d’origine.
De retour à Charleroi, il retourne vivre chez ses parents, rue Nalinne, où il installe son atelier. Dès le travail terminé, Jacques Bertrand enchaîne les lectures et développe son oreille musicale, sans avoir suivi de formation.
Le 11 mai 1848, il épouse Pauline Emilie Quenne, fille de marchands fripiers carolorégiens. Ils s'installent dans l'habitation d'un cousin, rue de l'Aigle Noir ; ils y resteront 25 ans. Son épouse lui donnera deux fils, Jules et Léopold.
C’est la trentaine passée que Jacques Bertrand commence à écrire ses premières chansons. Il est l’un des premiers auteurs à publier ses textes ; les carolorégiens découvrent notamment ses nouveaux écrits dans le Journal de Charleroi.
Sensible aux œuvres de bienfaisance, il ne refuse jamais de leur venir en aide en rédigeant quelques paroles. Il commence dès 1851 à animer des fêtes des Brayards, une société de bienfaisance dont il est l'un des membres fondateurs. Il participe aux cavalcades données au profit de l’hôpital civil ou autres œuvres, participant de manière active à leur réussite.
En 1864, il reçoit les honneurs des autorités communales : le bourgmestre Charles Lebeau lui offre une édition de luxe de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo.
En 1873, Jacques Bertrand fait construire une maison au coin de la place du Manège et du boulevard de l'Ouest (actuel boulevard Bertrand) ; le bâtiment héberge un atelier de chaisier, et il y ouvrira par la suite un café. Cet immeuble existe toujours aujourd’hui. Jacques Bertrand vit la transformation de Charleroi, en train de perdre ses fortifications. Les événements de la ville l'inspire, et les carolorégiens fréquentent son café.
Son épouse décède le 21 janvier 1878.
En janvier 1879, une cérémonie est organisée par les autorités locales afin de lui rendre hommage. Une souscription publique permet de lui offrir une montre en or, ainsi qu'un tableau où figure l’inscription « Honneur à Jacques Bertrand, le chansonnier populaire carolorégien ». Un recueil de ses chansons fut tiré à 2.000 exemplaires de son vivant, mais de nouveaux tirages furent réalisés afin de répondre à la demande, témoignant de sa popularité.
Plaque commémorative en la mémoire de Jacques Bertrand |
En 1880, il perd son cousin, Albert Thibaut, écrivain wallon. La mort de son épouse et de son cousin en deux ans seulement l’affecte terriblement ; Jacques Bertrand n’écrira plus jusqu’à son décès.
Il décède le 30 juillet 1884, à l'âge de 67 ans, laissant derrière lui des chansons qui bercent encore toujours le Pays de Charleroi. Preuve de sa popularité, de nombreuses personnes assistèrent à ses funérailles, et les discours prononcés durant la cérémonie funéraire furent publiés dans la presse. En 1898, les autorités communales décidèrent de donner son nom à l’un des boulevards de la ville.
Une plaque commémorative réalisée par le sculpteur Jules Van der Stock est inaugurée en 1924 sur sa maison natale, située rue Gustave Nalinne. Elle se situe ajourd'hui sur la place du Bourdon. Elle représente Jacques Bertrand en médaillon, et à droite, un paysage industriel de Charleroi, où Bertrand puise son inspiration.
Ses chansons sont un hymne au Pays de Charleroi, alors en pleine révolution industrielle, et en pleine mutation. Il s'inspire de la vie du Charleroi intra-muros et de sa périphérie ; ses textes décrivent le peuple, ses joies, ses peines et ses labeurs, de façon simple, employant un vocabulaire populaire. Il écrit pour le plus grand nombre : ses textes sont autant en français qu'en wallon, et il est généralement considéré comme le premier chansonnier wallon à Charleroi, ainsi que l'un des fondateurs de la littérature dialectale carolorégienne.
Si beaucoup de ses chansons sont aujourd’hui oubliées, certaines restent cependant connues par de nombreux carolorégiens. Bertrand est également l’auteur d’un air qui est aujourd’hui l’hymne de la région : « Pays de Charleroi ». Jusque dans les années 2000, les annonces en gare de Charleroi-Sud étaient précédées de quelques notes de cet hymne. Le beffroi de l'Hôtel de Ville de Charleroi, en attente aujourd’hui d’une restauration, égrène soixante mesures du « Pays de Charleroi » à l'heure pile ; quarante mesures de « Lolote » à l'heure demie ; dix mesures de « Skeujè l'feu, Zabèle » à l'heure quart ; et dix mesures de « El quèzène au Mambour » à l'heure trois quarts, toutes quatre de Jacques Bertrand.
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