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Rue Willy Ernst


Rue Ernst vers le carrefour du Luxembourg. Détail carte postale ancienne, éditeur inconnu

La rue fut tracée sur un ancien ravin, comblé lors du démantèlement des fortifications de Charleroi, débutés officiellement en 1869 et achevés en 1871. Ce ravin séparait et protégeait jusqu’alors les ouvrages défensifs de Charleroi de la commune voisine de Montignies-sur-Sambre. Pour rappeler ce ravin, les autorités communales décidèrent de donner à l'artère le nom de « rue du Ravin » le 23 juin 1882.

Sur le côté ouest de la rue est aménagé le parc communal, futur parc Reine Astrid. Il fut inauguré le 24 juin 1882. A cette occasion, l’éclairage électrique de la voirie est également mis en œuvre pour la première fois à Charleroi ; cette installation est due à Julien Dulait et à ses ateliers, qui donneront plus tard naissance aux Ateliers de Constructions Electriques de Charleroi. Les plans du parc sont dus à l’architecte Auguste Cador et à l’architecte paysagiste J. Duquesne. Les deux architectes s’inspirent des parcs à l’anglaise ; les allées sinueuses et le léger dénivelé lui offre un air romantique.

Le côté est de la rue, faisant face au parc, se bâti rapidement de belles maisons bourgeoises.

Un Trinck-Hall installé au début du XXième siècle rue Ernst, à l'entrée du Parc. Détail carte postale ancienne, Edition Wilhelm Hoffmann

L’Institut Saint-André ouvre ses portes le 6 octobre 1884. Tenu par des religieuses, une section primaire est ouverte l’année suivante, et une école professionnelle en 1897 ; la section technique est inaugurée en 1947. Initialement destiné aux jeunes filles de la bourgeoisie carolorégienne, pendant féminin du Collège du Sacré-Cœur, l’Institut devient mixte en 1972 dans le primaire et en 1975 dans le secondaire. Deux nouveaux bâtiments sont inaugurés en 1957 et 1977. L’enseignement rénové y est organisé à partir de 1979. Fin des années 1980, les religieuses quittent l’implantation, confiant l’Institut à des laïcs. Le 7 mars 1995, un violent incendie dû à un court-circuit éclate peu avant midi dans une annexe de l’Institut Saint-André (anciennes maisons de maître, numéros 19 et 21 de la rue Willy Ernst) ; 1.500 élèves environ du degré secondaire sont alors dans l’établissement. Le feu se propageant à une vitesse folle, plusieurs dizaines d'étudiants n’ont d’autre choix que de se réfugier sur les corniches, à une quinzaine de mètres de hauteur. Grâce à l’intervention rapide des secours, il n’y eu aucune victime grave, bien qu'une nonantaine de blessés durent être évacués vers les hôpitaux, dont plusieurs souffraient de fractures ou d’intoxication au monoxyde de carbone. La reconstruction des bâtiments incendiés débute en 1997, et les nouveaux locaux sont inaugurés en 1999.

Anciennes maisons de la rue Ernst

En 1900 apparaissent en plusieurs endroits de la ville, et notamment au coin de la rue Willy Ernst et du boulevard Audent, une dizaine de « Trinck-Hall », petits chalets où l’on débitait des boissons rafraîchissantes non-alcoolisées en été, et des boissons chaudes en hiver. Ils étaient exploités par un liégeois, Jean Kempgens, déjà propriétaire de plusieurs établissements identiques à Liège.

Le dimanche 13 octobre 1935(1) est inauguré en bordure du parc, côté rue Willy Ernst, un monument à la mémoire des 1er et 4ème Chasseurs à pied. Erigé à l’initiative de la Fraternelle des 1er et 4ème chasseurs et réalisé par MM. Sauvegarde et Vereycken, anciens chasseurs eux-mêmes, on peut y lire : « D'ici sont partis, le 3 août 1914, les 1er et 4e Chasseurs à Pied, régiments de Charleroi. 1566 des leurs sont morts pour la Belgique ». Les Chasseurs quittaient alors Charleroi afin de défendre la citadelle de Liège, attaquée dès le 5 août 1914 par les Allemands. Le monument fut déplacé dans les années 1990 à l’entrée du parc située au coin de la rue du Parc et du boulevard Defontaine.

Métro de Charleroi - Entrée de la station Parc

La rue du Ravin devient « rue Willy Ernst » suite à la décision du Collège échevinal du 17 janvier 1939. Elle rend de la sorte hommage à Willy Ernst, habitant au numéro 4 de la rue, arrêté et fusillé à Hasselt en 1917. Willy Ernst est né à Lodelinsart le 2 décembre 1883, descendant d'une famille allemande côté paternel ; son père était directeur des Verreries Jonet. En 1912, il épouse Marie Meurée, fille du conseiller communal Meurée. Conducteur des Ponts et Chaussées(2) à Charleroi, il organise et prend la tête d’un service d’informations et d’une ligne d’évasion pour les Alliés durant la première guerre mondiale ; il lui arrive d’héberger des résistants français venu saboter quelques infrastructures dans la région. La famille Ernst-Meurée s’engage dans différents comités afin de venir en aide à la population dans le besoin. Arrêté par les allemands, il est fusillé à Hasselt en avril 1917, à l'âge de 33 ans.

Fin des années 80 / début des années 1990, plusieurs maisons situées côté ouest de la rue sont abattues afin de permettre le percement de la boucle est du métro de Charleroi. Le tunnel et le gros œuvre d’une station sont réalisés, mais délaissés durant plusieurs années. Il faut attendre le 30 août 1996 pour que la station « Parc » soit ouverte aux passagers, terminus temporaire du métro jusqu'à la liaison Parc-Sud, mise en service en février 2012.

Au numéro 41 se situe l’association « Opération Faim et Froid », constituée en 1985 à l’initiative du « Juge » Robert Bracq. Appelé par un homme désespéré car son épouse est en train de mourir, celui que l’on appelle erronément le « juge » Bracq (il était en fait le premier substitut du procureur du Roi de Charleroi) se rend sur place, et ne peut que constater le décès de la femme, causé par la maladie, mais également le froid dans une maison sans chauffage, et la faim. L’asbl occupe aujourd’hui plusieurs sites, et continue de venir en aide au quotidien aux personnes précarisées.

Centre de la rue Ernst, en direction du boulevard du Général Michel

Lucky Luke s'installe à l’entrée du parc Reine Astrid en 1994. Cette statue en polyester de 350 kilos et de 5,5 mètres de haut occupe l'emplacement du Monument aux 1er et 4ème Chasseurs à pied.

En novembre 2012 est inauguré le Consulat général d’Italie. Le nouveau bâtiment accueille les services de l'ancien Consulat de Charleroi, situé au boulevard Audent, et de celui de Liège. Le Consulat général d'Italie de Charleroi devient de la sorte l'un des quatre postes diplomatiques de ce type les plus importants au monde déployé par le Ministère italien des Affaires Etrangères.

La rue fut également le lieu d'habitation de :

  • Michel Levie, avocat, ministre des Finances entre 1911 et 1914, député catholique de l’arrondissement de Charleroi de 1900 à 1921, et notamment fondateur et président de la coopérative « Les Ouvriers Réunis » ;
  • Paul Coton, architecte, arrêté par les allemands la nuit du 17 au 18 août, et exécuté au Rognac à Courcelles le 18 août au matin, en représailles de l'assassinat du bourgmestre rexiste du Grand Charleroi par la Résistance.

Notes :

  1. Pourquoi Pas ? n° 1107, vendredi 18 octobre 1935
  2. Cinquante mois d'occupation allemande : Volume 3 : 1917 / Louis Gille, Alphonse Ooms, Paul Delandsheere. Bruxelles : A. Dewit, 1919, p. 199



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